Valentino fait danser les lucioles dans l’obscurité du monde
Valentino déploie sa lumière là où l’obscurité semble s’installer pour durer. En écho à la lettre que Pier Paolo Pasolini écrivit un soir de guerre, l’esprit du défilé de la maison italienne s’inscrit dans cette même quête d’éclats fragiles et persistants. Comme les lucioles évoquées par le poète, les créations de Valentino deviennent les porteurs d’une espérance, une invitation à croire encore à la beauté qui résiste, même quand tout autour semble s’uniformiser.


En 1941, Pasolini décrivait ces insectes lumineux comme des êtres libres, poursuivant leurs danses amoureuses au cœur de la nuit. Trente-quatre ans plus tard, il voyait disparaître ces signes d’espérance, étouffés par un nouveau fascisme, celui du conformisme et de la standardisation. Mais Georges Didi-Huberman, historien de l’art, refusait cette vision sans issue. Il affirmait que les lucioles n’avaient pas disparu, qu’elles brillaient encore faiblement pour qui savait regarder. Ce n’est pas la lumière qui s’éteint, disait-il, mais notre regard qui s’affaiblit.


C’est précisément ce regard que Valentino et Alessandro Michele invitent à raviver. Sur le parvis de l’Institut du Monde Arabe, dans un Paris vibrant d’attente, la maison a orchestré un moment suspendu. Les invités, de Colman Domingo à Lana Del Rey, ont vu s’ouvrir une boîte noire où la voix de Pamela Anderson a fait résonner le texte de Pasolini avant que la musique ne prenne le relais. Puis, comme une réponse à la prophétie des ténèbres, les silhouettes se sont succédé dans un ballet de lumière et de tissus.


Les coupes franches, les dentelles, les transparences, les broderies fleuries formaient un langage nouveau, celui d’une liberté réinventée. Chaque vêtement semblait une luciole échappée de la nuit, un fragment de beauté offert au public.


Sous l’installation lumineuse de Nonotak, baptisée Soka, la scène tout entière est devenue un champ d’étoiles mouvantes. Les invités, suspendus à la beauté du moment, assistaient à l’union rare de l’art, de la mode et de la poésie dissipant la grisaille du monde.


Valentino éclaire les âmes ! Dans un temps saturé d’images et de certitudes, cette collection agit comme un rappel discret. Celui que la beauté n’est jamais un luxe, mais une résistance. Elle trace des lignes de lumière dans la nuit du présent, réveille le désir et rouvre la possibilité d’un avenir différent. Ce soir, les lucioles ne se sont pas éteintes, elles ont pris la forme d’un défilé !


© Valentino / Getty Image







