Dans décor blanc immaculé, on voit les choses plus clair pour ce qu’elles sont et on oublie d’où elles viennent.
Dans un tel espace, une chose se transforme facilement en une autre. Une simple robe de soirée, un costume italien classique, pris dans un moment de transmutation, s’évapore en un nuage. Un bikini se fond dans l’eau. Chaque détail, les boutons, les fermetures éclair, les coutures sont perturbés par ce processus.
Pourtant, certaines pièces reconnaissables traversent le brouillard, à peine voilées. Au contraire, ces vêtements dissimulent leurs distorsions, du moins dans un premier temps. Les cordons de serrage, dissimulés dans les vêtements, sont capables de transformer totalement la silhouette.
Une cape fluide se resserre pour former une colonne monolithique. Tels des vêtements de protection, ils forment une étanchéité avec le corps lorsqu’ils sont serrés. Ces fermetures réapparaissent, dans les chaussures, et dans les capuches qui se cachent dans les cols des vestes.
Ici, il n’y a pas le jour et la nuit, tout se passe en même temps. Le formel et l’informel s’associent de manière inattendue. Les poches se multiplient dans la collection, donnant à chaque look une nouvelle dimension pratique, quelle que soit l’occasion.
La barrière entre le naturel et le synthétique commence à s’effondrer : une fleur sans parfum, une bâche qui s’effiloche comme de la paille. Dans la confusion, les matériaux se mélangent : une jupe en cuir, traitée pour ressembler à du papier d’aluminium, ou une toile de coton, qui ressemble presque à du carton. De ces différents éléments naît un collage de pastels, contre des neutres, contre des tons de bijoux.
Puis, posés sur le tout, des éléments argentés, comme des runes. Leur origine est obscure : peut-être un collier ou un masque ou quelque chose dont la fonction est perdue. Suspendus aux vêtements, ils reflètent tout : chaque couleur, texture et forme à l’intérieur ou à l’extérieur. L’identité se trouve quelque part ici, au milieu des complexités.
Cette réflexion hors des sentiers battus est exactement ce dont l’industrie de la mode a besoin.
Credits © Cécile Bortoletti/ Styling Samuel Drira/ Art direction Sybille Walter/ Hair MayuMorimoto/ Makeup Asami Kawai/ Casting Chouaïb Arif/ Kravits Inaba